PMA, don de sperme : les dérives du droit à l’enfant - Conçue comme un secours, l’assistance médicale à la procréation (AMP) est devenue l’expression d’un droit absolu. Docteur en pharmacie, Blanche Streb note que le tri des enfants commence et que le don de sperme s’ouvre à toutes des dérives.
J’ignore si ce phénomène était attendu, mais les premiers chiffres concernant les demandes de recours au don de sperme attirent plus les femmes célibataires que celles en couple avec une autre femme. Un an après la révision de la loi bioéthique, les premiers chiffres le montrent : 53% contre 47% dans les trois premiers mois de l’année 2022. Sur cette période, 53 tentatives d’AMP avec don de spermatozoïdes ont été réalisées au bénéfice de ces deux « nouveaux publics » comme les nomme l’Agence de la biomédecine. Ce phénomène est un révélateur du contexte culturel actuel : avoir un enfant est un droit et nos désirs deviennent des droits. Mais il révèle aussi l’évolution de notre rapport à l’assistance médicale à la procréation.
Si ces méthodes sont nées de la rencontre entre la science et la souffrance vécue au cœur du couple, quand l’enfant se fait attendre, elles n’en sont plus là depuis longtemps. Au départ, elles étaient un recours, un secours, pour les couples infertiles qui s’y soumettaient par dépit, non par choix, avant de vivre ce que nombre d’entre eux appellent toujours « un parcours du combattant ». Et puis, le basculement a commencé à s’opérer. L’infertilité médicale n’est plus la seule raison pour accéder à la procréation assistée. D’abord subie, car ressentie comme unique alternative, la procréation assistée est aujourd’hui choisie, pour ne pas dire exigée. Le désir d’enfant s’est absolutisé et la science a commencé à trier ses enfants. Du sexe sans bébé au bébé sans sexe : la technique (et le marché) ont pris les rênes.
Si dans ces 53%, certaines femmes n’ont tout simplement pas eu la chance de rencontrer l’homme avec qui fonder un couple puis une famille, d’autres assument tout simplement vouloir avoir leur bébé toute seule, même si elles auraient encore le temps avant ce recours au don anonyme. La PMA par choix, non par dépit, pour ne pas avoir de père dans les pattes. Normal : la procréation se voit désormais comme un attribut personnel — le summum de la sacro-sainte autonomie ? — et plus comme la seule fonction humaine qui se vit à deux, dans l‘altérité sexuelle. Il y avait déjà une décorrélation entre sexualité et procréation, elle s’accompagne naturellement d’une forme de rupture entre conjugalité et parentalité.
Source : fr.aleteia.org
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Blanche Streb (Alliance Vita) revient sur l’ouverture de la PMA aux femmes seules. Son analyse est tout à fait pertinente : cette revendication d’un enfant sans sexe n’est-elle pas au final le symptôme de la crise du couple ? La révolution sexuelle, du sexe sans procréation, a fragilisé le couple du XXe et XXIe siècles, qui manque aujourd’hui cruellement de stabilité. Cet engagement affectif au rabais des deux partenaires amène certaines femmes à concevoir la parentalité sans la conjugalité. C’est une bien triste réalité et une mauvaise perspective. Comment cette génération sans père et sans repère pourra-t-elle à son tour s’engager dans le couple et faire famille ?