Aide active à mourir : 94 % des Français pour, mais la loi sans cesse repoussée - Le débat sur la fin de vie, sujet sur lequel les Français ont un avis tranché, est l’un des grands absents de la campagne électorale. À une semaine du premier tour des élections présidentielles, des militants de l’aide active à mourir ont manifesté à Paris, samedi, pour se rappeler au bon souvenir des candidats. Et leur rappeler que c’est aux malades de décider. Tous espèrent une loi.
« Geneviève, cancer de l’estomac, agonie inhumaine. »
« François, maladie de Charcot, agonie inhumaine. »
« Jacques, maladie de Parkinson, aidé à mourir en Suisse. »…
De terribles pancartes se sont élevées au-dessus des têtes, samedi à Paris, à l’occasion de la manifestation nationale exigeant la « légalisation de l’aide active à mourir et des soins palliatifs non sectaires » en France, où hôpitaux et cliniques ne peuvent répondre qu’à un quart des demandes de soins palliatifs faute de lits dédiés.
Derrière ce rassemblement, « Le Choix – Citoyens pour une mort choisie », association coprésidée par Denis Labayle, ancien chef de service en gastro-entérologie, au centre hospitalier Sud-Francilien (1). Âgé de 76 ans, il se souvient d’un temps où « il n’y avait aucun problème pour aider les patients à mourir. Jusqu’à la fin des années 90, on apprenait aux internes qu’il fallait pratiquer l’injection d’un cocktail lytique. Et on augmentait les doses pour que les gens puissent partir en s’endormant. C’était une décision entre la famille et les médecins, sauf bien sûr si les patients étaient assez lucides pour s’exprimer ; ça arrangeait tout le monde.
Et puis en 1999, le comité consultatif national d’éthique a nié l’existence des cocktails lytiques, tout en envisageant quand même l’existence d’une exception d’euthanasie. Mais sans préciser les conditions bien sûr. »
C’est tout le paradoxe pour Denis Labayle, « le comité national d’éthique fait partie des éléments qui freinent l’évolution de la loi, avec le conseil de l’ordre des médecins et la société française d’accompagnement et de soins palliatifs complètement dominée par le courant religieux ». Voilà au moins un point sur lequel les trois religions monothéistes sont d’accord.
Source : ladepeche.fr