Naît-on homme ou femme ou le devient-on? - La question de l’identité sexuelle a été amenée sur le devant de la scène avec le débat français autour du mariage pour tous. Entre les partisans d’une détermination biologique du sexe et ceux qui y voient une construction culturelle, le débat fait rage. Interviews croisés.
Interviews croisés entre Diane Drory, psychanalyste, et Maria Hildigsson, secrétaire générale de la Fafce (fédération des associations de familles catholiques en Europe).
La question de l’identité sexuelle a été amenée sur le devant de la scène avec le débat français autour du mariage pour tous. Entre les partisans d’une détermination biologique du sexe et ceux qui y voient une construction culturelle, le débat fait rage. Interviews croisés
De nous jours, les frontières entre ce qui est masculin et ce qui est féminin sont plus floues qu’avant, mais ce n’est pas plus mal. A partir de trois ou quatre ans, l’enfant cherche à comprendre la différenciation sexuelle : qu’est-ce qu’une femme, qu’est-ce qu’un homme ? La question existe, mais laissons l’enfant la résoudre avec son cheminement à lui.
Existe-t-il une théorie du genre ?
Je ne sais pas ce que c’est ? Une sorte de nouveau paramètre ? Je m’interroge lorsque j’entends certains parents s’inquiéter quand leur petit garçon joue à la poupée ou leur fille avec des voitures. On perd un peu de son bon sens. Un enfant doit pouvoir tout essayer. Certains vont parfois mettre plus longtemps que d’autres à comprendre ce que c’est qu’une petite fille, une mère ou une femme.
Naît-on garçon ou fille ou le devient-on dans sa tête ?
Les enfants sont garçons ou filles et puis, selon les aléas de la vie, ils peuvent parfois essayer d’autres directions. A tout prix se dire que l’enfant peut naître sans genre comme le permet désormais la loi en Allemagne et qu’il est tout à fait libre de son choix, c’est une vision qui nie presque la détermination physiologique. L’autre extrême, c’est de se dire qu’un garçon doit jouer avec des voitures et que si on le voit jouer avec des poupées, c’est qu’il va devenir un homosexuel.
Avec votre expérience, voyez-vous une tendance selon laquelle un garçon qui joue avec des poupées ou une fille qui joue avec des voitures peut changer d’orientation sexuelle dans sa tête ?
Non, pour moi il n’y a pas obligatoirement de lien… sauf si on fait le lien dans la tête des parents. Je reçois parfois des enfants parce que le petit garçon veut toujours s’habiller en princesse ou jouer avec des dînettes. Dans leur tête, les parents se disent "Ça y est, il va devenir homosexuel" . Or, plein de cas de figure peuvent se présenter. Il peut simplement s’agir d’un enfant qui essaye de comprendre le côté féminin dans une famille où celui-ci occupe une place importante. Dans ce cas, l’enfant tente peut-être de voir s’il ne se verra pas accorder plus de valeur en adoptant des jeux qui le mettent dans la peau de quelqu’un de plus féminin. Les jeux des enfants sont des jeux de rôle. Mais ce n’est pas pour ça qu’il est déterminé à devenir homosexuel. Sauf si les parents le regardent comme ça du matin au soir, auquel cas, il y a un impact. Je ne vais pas dire que le regard des parents est fondamental, mais il est très important. Il est évident que le regard que l’on porte sur l’enfant a un impact sur la façon dont il se voit puisque nous nous voyons à travers le regard de l’autre.
Avez-vous le sentiment que dans nos sociétés actuelles, vis-à-vis des enfants, on ne fait plus assez la distinction entre ce qui est masculin et ce qui est féminin ?
Avant, on offrait d’emblée des poupées aux filles et des voitures aux garçons. Aujourd’hui, les frontières sont plus floues, mais je pense que ce n’est pas plus mal. Ce n’est pas plus mal de ne pas catégoriser les choses et de laisser, dans le jeu, une liberté à l’imaginaire de l’enfant de rentrer dans un monde masculin ou dans un monde féminin. Il ne faut pas d’office stigmatiser l’enfant en projetant sur lui notre regard d’adulte. Laissons-le partir à la compréhension du monde. Certains parents s’insurgent de voir un garçon jouer avec une poupée. D’autres leur fourreraient d’office des poupées dans les bras. Qu’on laisse en paix les enfants vivre leur vie ! Un petit garçon qui demande une poupée ? Pourquoi pas ! Il y a des filles qui ont envie de jouer avec des voitures et d’autres pas. On fait porter beaucoup de choses aux enfants. En fin de compte, est-ce qu’on ne leur vole pas leur enfance, la spontanéité de ce qu’est l’enfance ?
Scientifiquement, il n’existe pas de lien entre le fait qu’un garçon veuille se déguiser en princesse ou jouer avec des poupées et le fait de devenir homosexuel ?
Je ne pense vraiment pas, sauf si c’est l’adulte qui fait le lien et que l’enfant se trouve pratiquement poussé dans ce chemin. Par exemple, lorsqu’il est adolescent et qu’il entend qu’on parle de lui comme ça. Tous les adolescents sont bisexuels. Il y a, à un moment donné de l’adolescence, une attirance affective envers le même sexe. Mais ce n’est pas pour ça qu’ils vont devenir homosexuels ! Les flammes, ça a existé de tout temps. C’est un passage classique qui n’a rien d’alarmant et qui est tout à fait dans la normalité. Il peut y avoir des grands élans affectifs à l’adolescence pour quelqu’un du même sexe que soi. Cela ne signifie absolument pas qu’un enfant a un versant homosexuel ou va le devenir.
Un enfant va toujours naître de l’union des corps de l’homme et de la femme. Donc, le milieu naturel de l’enfant est d’être élevé par son père et par sa mère. Si on prend le raisonnement des partisans de la "théorie du genre", il s’agit de permettre à tous types de relations d’êtres considérées comme une famille.
Source : lalibre.be
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Voici la confrontation de deux points de vue sur la question du « genre », finalement pas si différents. Les deux expertes confirment qu’on naît homme ou femme et que cela ne change pas ! Ce qui change en revanche, notamment avec la diffusion de l’idéologie du genre, c’est l’inadéquation entre le sexe biologique, l’identité sexuée et l’orientation sexuelle. De quoi créer le trouble surtout pour les enfants exposés à ces discours manipulatoires.