L’homme n’est pas un animal comme les autres - Agrégé et docteur en philosophie, chercheur associé au département de philosophie de l’université de Nantes, Jacques Ricot, auteur de Qui sauver ? L’homme ou le chien ? a accepté l’invitation de Gènéthique à discuter la place de l’homme et de l’animal, à l’heure où l’antispécisme connaît un écho croissant.
L’animalisme est un mot récemment forgé pour désigner un mouvement philosophique, social, culturel, politique visant l’amélioration de la condition animale. Plusieurs causes expliquent la naissance et le succès croissant de ce mouvement.
Nous sommes devenus de plus en plus sensibles à la souffrance animale ce qu’attestent les lois accumulées depuis quelques décennies dans le prolongement de la loi Grammont qui, dès 1850, prohibait les mauvais traitements infligés en public, seulement en public, aux animaux. Et c’est en 1959 qu’un décret d’Edmond Michelet a étendu cette interdiction aux espaces privés. En 1976, le Code rural, énonce dans l’article L214 : « Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce ».
L’association qui diffuse régulièrement des vidéos-chocs sur la maltraitance animale a choisi le nom L214 en référence à cet article du Code rural. Le Code civil lui-même a été modifié en 2016 afin que les animaux, tout en demeurant des biens, ne soient plus assimilés à des choses. Il dispose : « Les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité. Sous réserve des lois qui les protègent, les animaux sont soumis au régime des biens ». Rappelons enfin que l’article 521-1 du Code pénal sanctionne « le fait, publiquement ou non, d’exercer des sévices graves ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité ».
Les techniques maltraitantes de l’élevage et de l’expérimentation animale sont régulièrement dénoncées et reçoivent un écho favorable dans l’opinion. Par exemple, en août 2021, L214 diffusait une vidéo de truies tuméfiées et parfois agonisantes, dans un élevage. C’est donc cette évolution de la sensibilité à la souffrance animale que le législateur entérine progressivement. Depuis le 1er janvier 2022, sont interdits le broyage et le gazage des poussins mâles vivants ainsi que la castration sans anesthésie des porcelets.
Source : genethique.org
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Jacques Ricot, philosophe et chercheur, nous alerte sur les dangers du brouillage de la frontière homme-animal. En voulant protéger d’avantage les animaux, les antispécistes desservent en fait leur cause car il faut bien des humains pour prendre soin des animaux, l’inverse étant impossible. A lire.