En dépit de quelques recommandations louables, ce texte et le rapport qui l’accompagne promeuvent surtout la normalisation de la prostitution en tant que « travail du sexe ». En cela, ils sont en contradiction flagrante avec la proposition initiale qui s’intitulait «La réinsertion des personnes prises au piège de la prostitution ou soumises à la traite des êtres humains» (Doc. 15570 - 24/06/2022). Au-delà d’un changement de titre, c’est la protection des personnes en situation de prostitution qui est bouleversée : d’un «piège», la prostitution se transforme en un «travail», qu’il faudrait normaliser afin, soi-disant, d’améliorer la vie de ses victimes.
Le «Débat : abolitionnisme contre dépénalisation du travail du sexe» proposé dans le rapport aurait pu être constructif. Malheureusement, il consiste en une critique en règle de la vision abolitionniste présentée comme préjudiciable, tandis que la dépénalisation de la prostitution est plébiscitée (résol., §10 ; rapport, §31 et s.). L’auteur s’appuie pour cela sur un catalogue de textes internationaux interprétables en ce sens, d’opinions et rapports d’experts et fonctionnaires internationaux favorables et de positions, parfois outrancières, d’ONGs militantes (résol., §10). La Belgique, «premier pays d’Europe à décriminaliser totalement le travail du sexe», est présentée comme exemplaire (résol., §11 ; rapport, §46 et s.). En revanche, les défenseurs de l’abolition de la prostitution ne semblent pas avoir été consultés. Tout au plus sont citées les auditions de la Coalition pour l’abolition de la prostitution (CAP) et du Lobby européen des femmes (LEF) (rapport, §29-30, 33). Quant au récent rapport abolitionniste «Prostitution et violence contre les femmes et les filles» publié par Reem Alsalem, Rapporteuse spéciale de l’ONU sur la violence contre les femmes et les filles, il n’est pas même mentionné, au contraire de celui de sa collègue Tlaleng Mofokeng, Rapporteuse spéciale de l’ONU sur le droit à la santé, favorable à la dépénalisation totale de la prostitution (rapport, §61 ; résol., §10). Enfin, la portée de textes européens en faveur d’un cadre juridique pénalisant pour les clients de la prostitution est minimisée[1] (rapport, §19, 44). Le parti-pris pour la dépénalisation totale de la prostitution est donc évident, alors même qu’elle heurte de front la dignité humaine.
Source : www.eclj.org
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L’ECLJ nous alerte une fois de plus sur le travail des lobbies pour normaliser et dépénaliser la prostitution. Cette fois-ci le rapport a été renvoyé à la commission sur l'égalité et la non-discrimination faute d'accord politique. Il n’a donc pas été voté hier, c’est un soulagement.
Cependant, il faut comprendre le travail de manipulation à l’œuvre : en remplaçant le mot « prostitution » par « travail du sexe » et en introduisant une distinction entre « prostitution forcée » et « travail du sexe », l’intention de ces lobbies est bien de positionner la prostitution comme un travail ordinaire choisi et de banaliser ses effets néfastes sur la société.
Lorsque l’on sait que plus de la moitié des personnes prostituées sont victimes de traite, et que l’autre moitié est contrainte par ses conditions socio-économiques, l’argument du consentement ne tient plus la route.
L’exploitation sexuelle représente les trois quarts des phénomènes de traite.
Le 18 octobre prochain est la journée européenne de lutte contre la traite des être humains. Nous vous proposons à cette occasion d’organiser dans votre église un Dimanche pour la Liberté des victimes de traite, avec des ressources spécifiques pour le culte et des idées de mobilisation. Retrouvez notre kit sur la page dédiée de notre site.