IVG : quand penser est déjà suspect - La décision de la Cour suprême américaine a provoqué en France une cascade de réactions hystériques qui montre à quel point le débat sur l'IVG a été chez nous entièrement stérilisé par quarante ans de progressisme.
La France est-elle la cinquante et unième étoile sur le drapeau américain ? On peut se poser la question au vu de l’onde de choc déclenchée sur notre sol par la décision de la Cour suprême. Emmanuel Macron a aussitôt tweeté : « L’avortement est un droit fondamental pour toutes les femmes. Il faut le protéger. J’exprime ma solidarité avec les femmes dont les libertés sont aujourd’hui remises en cause par la Cour suprême des États-Unis d’Amérique.»
Qu’Emmanuel Macron tance Vladimir Poutine quand il viole le droit international, soit. Mais qu’il fasse des remontrances aux instances d’un État souverain pour une décision légale et on ne peut plus démocratique – des juges de la Cour suprême non élus ont rendu à des États dont les gouvernants sont élus le droit de décider – est plus problématique… Et pourrait attirer quelques commentaires ironiques au coq français Chantecler sur son tas de fumier : les images du Stade de France viennent de faire le tour du monde. Avant de faire la loi chez les autres, Emmanuel Macron ne devrait-il pas essayer de faire la loi chez lui ?
Dès le lendemain matin, Aurore Bergé, chef de file des députés LREM, annonçait déposer une proposition de loi pour inscrire « l’IVG dans notre Constitution ». La France insoumise a aussitôt fait savoir par les voix de Mathilde Panot et Clémentine Autain qu’elle avait suggéré cette idée dès 2018 et 2019, mais que la majorité, à l’époque, l’avait refusée. Aurore Bergé aurait pu rappeler qu’à Strasbourg, le 19 janvier, 2022, Emmanuel Macron avait, devant le Parlement européen, déclaré souhaiter « actualiser la Charte des droits fondamentaux pour intégrer l’environnement et le droit à l’avortement ».
C’est à qui sera le meilleur élève en la matière. À ce stade, ce n’est plus une grosse ficelle, mais une corde à nœuds : la gauche n’a plus rien à vendre sinon du sociétal. C’est facile, ça ne mange pas de pain, ça envoie des signaux simplistes à l’électorat de gauche et ça masque, un temps, l’impuissance abyssale partout ailleurs. Lors du précédent quinquennat, cela s’appelait PMA pour toutes et allongement de l’IVG à quatorze semaines.
Source : valeursactuelles.com