Être reconnu digne de droits et libre de ses choix, y compris lorsqu’ils diffèrent, l’âge venu, de ceux qu’ils auraient pu être plus jeune, constitue une évolution politique significative, même si elle doit se prolonger sans attendre dans un cadre législatif plus ambitieux (cf. Grand âge : le manque d’ambition de l’exécutif ?).
Le discours public relatif à une vieillesse assujettie aux représentations pathogènes de la vulnérabilité, de la perte d’autonomie, de la dépendance, de la charge économique, pour ne pas dire du coût et de l’inutilité sociale doit gagner en maturité et en lucidité (cf. Projet de loi sur la fin de vie : « une voie pavée de tromperies »). Nos vieillissements, ce que nos sociétés modernes ont rendu possible par des avancées de toute nature, y compris médicales, sont des conquêtes fragiles. On n’a pas encore compris la signification des possibilités et des richesses dont elles sont la promesse, ne serait-ce que pour rassurer ceux qui, dans la jeune génération, doutent aujourd’hui de leur présent et de leur devenir, parfois davantage que les vieux.
Qu’en est-il, à l’opposé des visions misérabilistes, de ceux qui parmi nous consacrent le temps de leur vieillesse à militer pour le bien commun ? Ils soutiennent et renouvellent les solidarités y compris au sein de leur famille et dans le milieu associatif, cultivent une expérience de vie et une disponibilité au service de la collectivité nationale, font lien et sens précisément parce qu’ils sont en position de transmettre à la société leur intelligence du réel façonnée à travers le temps, leur temps, celui qu’ils aspirent à poursuivre avec nous.
Vieillir en société, c’est être respecté en ce que l’on demeure membre à part entière d’une nation qui doit tout à ceux qui l’ont édifiée, et dont elle exprime parfois aujourd’hui sa fierté comme il en serait d’un héritage confié à la postérité. Nous en avons saisi la valeur lorsque le 8 mars 2024 le sceau de la République a été apposé sur la loi inscrivant la liberté d’accès à l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution (cf. La France inscrit l’avortement dans sa Constitution. Et ensuite ?). Des femmes ont alors rendu hommage à celles qui avaient revendiqué ce droit dont elles-mêmes, désormais, assumaient la filiation.
Source : www.genethique.org
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Face à la culture de l’oubli, la mémoire et la reconnaissance de l’importance des personnes plus âgées sont les meilleures armes. Nous avons collectivement oeuvré à allonger la durée de vie de nos concitoyens, et nous voudrions maintenant les cacher parce qu’inutiles et les traiter avec mépris. C’est tout le paradoxe de notre société. Peut-être que vieillir dans la dignité est le sujet qui devrait nous occuper, plutôt que « mourir dans la dignité ». Qu’est-ce qu’une mort digne sans une (fin de) vie digne ?