Fin de vie : « Notre société fabrique le désespoir de vivre » - L’éthicienne Martyna Tomczyk revient sur le débat sur la fin de vie, en réfléchissant cette fois-ci sur l’argument de la « souffrance existentielle » en faveur de la légalisation ou la dépénalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. Elle estime que la situation actuelle relève d’un double paradoxe.
« Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n’existe point de marchands d’amis, les hommes n’ont plus d’amis », a dit le renard au petit prince, dans le livre d’Antoine de Saint-Exupéry. Si cette œuvre a été publiée il y a plusieurs décennies, le constat du renard demeure d’une bouleversante actualité dans les sociétés dites développées, y compris la nôtre, où le nombre de citoyens souffrant de solitude ne cesse d’augmenter. Sans surprise, c’est dans ces sociétés que la revendication d’une « aide médicale à mourir » est souvent si forte qu’elle tente même d’assourdir les voix plaidant en faveur d’une aide à vivre jusqu’au terme naturel de la vie.
D’après le dernier rapport de la Fondation de France d’avril 2021, la solitude définie comme un isolement relationnel est en forte augmentation au sein de la population française : 7 millions de personnes en sont affectées, soit 14 % des Français, contre 9 % en 2010, ce qui pourrait être qualifié « d’épidémie de solitudes ». Alors que les personnes âgées représentent la tranche d’âge la plus touchée, d’autres populations en souffrent également. Il s’agit essentiellement des personnes en situation de handicap ou atteintes d’une maladie chronique, pour qui la situation est doublement difficile.
Source : la-croix.com
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L’éthicienne Martyna Tomczyk apporte un éclairage différent dans le débat sur la fin de vie. Finalement, demander à mourir est un mal de notre société capitaliste et utilitariste qui ne juge les individus qu’à l’aune de leur performance. Les personnes âgées ou handicapées sont donc mises au ban de la société avec pour seul compagnon de route la solitude… De quoi nous faire réfléchir collectivement. Et si le meilleur traitement contre le désir de mourir était la présence, l’empathie et l’écoute ?
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