Danielle Moyse : Le dispositif de dépistage semble obéir à une logique qui ira toujours plus loin… D’autant que le caractère « non invasif » semble écarter la violence qui freinait jusque-là le mouvement…. On est déjà passé, du « DPN » au « DPNI », du dépistage de la Trisomie 21 à celui de toutes les autres formes de Trisomie. Et l’on projette déjà de passer du « non invasif » en tout début de grossesse, au « pré-conceptionnel ». Autrement dit, on ne cherchera plus à se débarrasser de la future naissance d’un enfant dont on sait qu’il aura effectivement un problème, mais il faudra bientôt éliminer tout risque de problème ! Est en train de s’installer le dépistage des vies à risque….
Assez paradoxalement, par ailleurs, nous savons aujourd’hui que les modes de vie hyper technicisés sont éminemment à risque. Mais on ne trouve rien à redire (ou même si on le dit, on le fait quand même !) au placement de toute une génération de jeunes enfants derrière des écrans qui risquent d’induire, et induisent même déjà, des dégâts sur la capacité d’attention, c’est-à-dire les capacités intellectuelles de ces enfants. D’un côté, on cherche à éliminer tous les risques, de l’autre, on en fomente de redoutables…
Non seulement la recherche de la naissance sans risque revient à peu près à aspirer à une vie sans vie (puisqu’une vie sans risque cela n’existe pas !), d’un autre, on crée des risques à grande échelle… Situation éminemment paradoxale.
DM : C’est une question qui revient régulièrement, et depuis au moins trente ans, sur le tapis. Cette « prévention » est d’autant moins interrogée qu’elle est plus discrète, que les méthodes agressives et souvent entièrement subies par les sujets concernés, de la stérilisation, ou de l’élimination active de personnes effectivement porteuses de handicap. L’eugénisme n’est généralement pas associé à des méthodes indolores.
Source : www.genethique.org