Micha Jovanovic est l’un des 184 citoyens qui ont été tirés au sort en décembre 2022 pour composer la Convention citoyenne sur la fin de vie.
François Bayrou a proposé de faire examiner séparément les propositions de loi sur l’accélération de la fin de vie (euthanasie et suicide assisté, ou « aide à mourir ») et celles sur les soins palliatifs. Dans une interview sur France Info, Claire Thoury, présidente du comité de gouvernance de la Convention citoyenne sur la fin de vie, affirme que cette décision du nouveau gouvernement va à l’encontre des préconisations des citoyens de la convention, lesquels seraient atterrés (elle dit les avoir appelés).
En tant que citoyen participant à la Convention sur la fin de vie, je peux vous dire : 1) qu’elle ne m’a pas appelé pour me demander mon avis, et 2) que je ne partage pas son analyse. Je pense au contraire que cette décision du premier ministre rend justice à nos travaux en évitant l’écueil de la confusion des sujets du projet de loi précédent.
Je rappelle au public et à madame Claire Thoury que son statut de présidente du comité de gouvernance de la Convention citoyenne en fait une représentante du Cese (Conseil économique, social et environnemental : l’institution qui accueillit les travaux des citoyens), et non des citoyens de cette convention. Si le Cese avait un a priori favorable sur l’évolution de la loi vers la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté, il se doit néanmoins de garder une neutralité formelle avant, pendant et après les travaux. Enfin, je rappelle que les conclusions de la Convention citoyenne, issues d’une gestation difficile et souvent houleuse, ne sont qu’une préconisation, et ne devraient, en aucun cas, être instrumentalisées pour orienter le débat public, dans un sens ou dans un autre.
Je rappelle ensuite que les débats de la Convention citoyenne ne donnèrent pas lieu à une position unanime, mais qu’à l’image de son livrable, ils rendirent le témoignage d’un ensemble de couches de réflexions englobant divers sujets. À ce titre, le livrable n’est ni un manifeste ni une conclusion décisive, mais un ensemble de propositions. Parmi ceux qui l’ont signé, un grand nombre de rédacteurs étaient et restent absolument contre le suicide assisté, d’autres absolument contre l’euthanasie, et beaucoup contre les deux. En revanche, il y avait unanimité, y compris chez les personnes favorables à ces deux autres sujets, sur la partie du livrable concernant les soins palliatifs. La séparation des deux thèmes (et même des trois), apparaît donc bien comme une conséquence logique et heureuse de nos travaux.
D’un côté, il y a le problème de l’hôpital en France ; de l’autre, il y a une proposition de nature sociétale, philosophique, concernant le sort de la personne souffrante.
Micha Jovanovic
En outre, opposer le livrable des citoyens de la convention à une décision du gouvernement est fallacieux. Les 184 citoyens seraient tous devenus des experts légitimes de la fin de vie ou du débat politique, et auraient parlé d’une seule voix. Ce n’est pas le cas. Notre avis est intéressant, réfléchi, argumenté, mais demeure consultatif.
Source : www.lefigaro.fr
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Euthanasie et soins palliatifs : un texte de loi ou deux ? Le gouvernement semble avoir tranché pour l’examen séparé des sujets, ce qui nous paraît une bonne option mais qui n’est pas au goût de tout le monde. Ce membre de la Convention citoyenne sur la fin de vie rappelle à juste titre que la Convention n’a qu’un avis consultatif et que sa présidente représente le CESE, et à ce titre n’a pas à militer en faveur d’une proposition de loi alliant soins palliatifs et euthanasie.