Greffe d’un cœur de cochon: miracle ou abomination?

Greffe d’un cœur de cochon: miracle ou abomination?
Publié le
January 20, 2022

Greffe d’un cœur de cochon: miracle ou abomination? - Un Américain de 57 ans à reçu un cœur de cochon génétiquement modifié le 7 janvier 2021. Cette opération délicate a été menée par une équipe au centre médical de l’Université du Maryland. Quel avis porter, d’un point de vue éthique, sur cette technique de xenotransplantation*?

Le 25 septembre 2021, une équipe de l’université de Langone (New-York) avait déjà procédé à la transplantation d’un rein de porc chez une femme en état de mort cérébrale. L’expérience avait été stoppée au bout de trois jours sans avoir observé de rejet immunitaire.

Sauver une vie

Luc Olekhnovitch est pasteur et théologien. Il réagit : «L’idée peut choquer symboliquement, mais il ne faut pas oublier la finalité: il s’agissait de sauver une vie, et il ne faut pas confondre le symbolique et le physique, le cœur comme symbole de l’intériorité avec le muscle cardiaque.» 

Auteur du livre «Vivre en chrétien aujourd’hui: Repères éthiques pour tous», il poursuit: «On ne devrait pas oublier que nous sommes des créatures et qu’il n’est pas étonnant que nous partagions un matériel commun avec le reste des créatures. On ne devrait ni être choqué ni s’émerveiller naïvement devant les “miracles” de la science. Mais prudence, ce n’est pas sans risque.» 

Migration des cellules?

Franck Meyer, président du Comité protestant évangélique pour la dignité humaine semble vouloir appuyer cette prudence. «Le CPDH n’a pas d’avis sur la question, c’est un sujet que nous n’avons pas encore étudié.» «Cependant à titre personnel, j’ai une position réservée, car lors de greffes de cellules souches humaines dans un organe animal, nous avons pu voir ces cellules migrer vers le cerveau de l’animal: les barrières sont poreuses.»

Celui qui se bat depuis des années sur les sujets éthiques continue: «L’Organisation mondiale de la santé nous fait remarquer l’augmentation des zoonoses pouvant créer des pandémies. Mon regard de citoyen est donc prudent, il semble très compliqué de jouer sur cette frontière homme/animal.» 

Vivre avec le cœur d’un animal

Et de conclure : «Je me demande quels accompagnements ont été prévus pour cet homme. Nous savons que vivre avec le cœur d’un autre n’est déjà pas simple, mais vivre avec le cœur d’un animal? L’homme n’est pas seulement un corps.» 

Cette nouvelle avancée scientifique risque de poser encore quelques questions éthiques dans les années à venir, alors que la dernière loi bioéthique votée en France a validé la création de chimères animal-homme par ajout de cellule humaines à des embryons animaux (le contraire restant interdit).

* La xénogreffe (ou xénotransplantation) désigne la transplantation d’un greffon (organe par exemple) où le donneur est d’une espèce biologique différente de celle du receveur. Elle s’oppose ainsi à l’allogreffe où le greffon vient de la même espèce que le receveur. – Wikipedia

Source : evangeliques.info

Commentaire du CPDH

Les exploits techniques de la médecine interrogent forcément le sujet du respect de l'être humain et de sa dignité. La porosité des limites entre êtres humains et animaux interroge et relance le débat qui avait eu lieu au moment du vote de la loi de bioéthique avec une autorisation nouvelle d'introduire des cellules souche humaines dans un embryon animal afin de créer des organes compatibles avec l'être humain et donc avec la possibilité des les utiliser comme greffon. Pour approfondir : Bioéthique : cœur de porc greffé sur un homme, quand les technologies abolissent les limites du vivant

Le CPDH met également une "fiche repère" à votre disposition au sujet des greffes d'organes. Téléchargeable ICI.

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