Écriture inclusive : "Quand l’administration emploie une langue qui n’est pas enseignée à l’école"

Écriture inclusive : "Quand l’administration emploie une langue qui n’est pas enseignée à l’école"
Publié le
February 3, 2023

Écriture inclusive : "Quand l’administration emploie une langue qui n’est pas enseignée à l’école" -
Comme chaque année, l'Insee procède au recensement de 8 % de la population. Les Parisiens sélectionnés ont eu la chance de recevoir, à ce propos, un courrier rédigé en écriture inclusive. Enseignante et chroniqueuse sur RTL, Lisa Kamen analyse l'absurdité que représente l'utilisation de cette écriture par l'administration.

Vous faites peut-être partie des 8 % de Parisiens sélectionnés pour participer au recensement 2023. Si c’est le cas, vous avez reçu une lettre de la mairie de Paris vous informant des objectifs et des modalités de cette procédure. Jusque-là, rien de surprenant. Mais les heureux tirés au sort ont peut-être été étonnés de découvrir une lettre rédigée selon les règles de l’écriture inclusive, vous savez, cette grammaire supposément plus respectueuse de l’égalité des sexes, notamment par l’utilisation du point médian. On peut y lire par exemple : « Vous recevrez la visite d'un.e agent.e recenseur.seuse recruté.e par la mairie de votre arrondissement et muni.e, à cet effet, d'une carte officielle. » Plus loin : « Lorsque l'agent.e recenseur.seuse se présentera à votre domicile, il.elle vous proposera de répondre par voie électronique. »

Comme souvent dans ces cas-là, les partisans de ces règles absurdes sont incapables de les appliquer à l’ensemble d’un texte de cette longueur. On y parle par exemple des « occupants » de l’immeuble. Un inclusif véritablement motivé aurait écrit « les occupant.e.s » bien sûr, de peur que les filles, les femmes, les bébées et les animales vivantes dans le bâtiment ne se sentent pas concernées ou pis : se sentent éhontément exclues du recensement. Je note au passage que cette pauvre missive ne tient absolument pas compte de toutes les personnes ne se sentant ni-homme-ni-femme-bien-au-contraire. Elle commence d’ailleurs par une formule d’un classicisme éhonté : « Madame, Monsieur » et se clôt de la même façon. Comment les non-binaires, les non genrés, cellezéceux qui au fond se sentent moules-à-gaufres ou nuages pourraient-ils savoir qu’on s’adresse à ielleux. Un peu de rigueur, mesdames et messieurs de la mairie ! Je plaisante mais ce parti pris est moins anodin qu’il ne paraît.

L'importance du français

La langue française a en grande partie été fixée pour des raisons d’efficacité administrative : l’ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539, prise par le roi François 1er, imposait pour la première fois que soient rédigés « en français et pas autrement » les actes judiciaires et administratifs. Elle s'inscrivait dans une suite de décisions royales remplaçant progressivement le latin par les langues maternelles dans les actes du droit. Ainsi et depuis presque 500 ans, les institutions publiques s’adressent-elles aux Français dans une langue commune, respectant des règles de grammaire acquises par l’usage à la maison puis enseignées méthodiquement à l’école. Le roi s’adaptait aux pratiques du peuple afin d’être entendu et cette règle prévaut en France depuis cette époque. Même dans des États multilingues, les pouvoirs publics font en sorte de pouvoir être lus et compris par tous leurs habitants. Les Suisses par exemple peuvent s’adresser à l’État en français, en allemand, en romanche ou en italien et celui-ci communique aussi dans ces quatre langues.

Source : marianne.net

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Commentaire du CPDH

Sur fond de lutte entre masculin et féminin, entre hommes et femmes, l'écriture dite "inclusive" a fait de nombreux adeptes militants. Le journal Marianne nous relate une histoire très intéressante : en contradiction avec les usages administratifs vieux de plusieurs siècles, les institutions se permettent de correspondre avec leurs concitoyens dans une langue non-officielle, interdite mais réécrite à la façon d’un État totalitaire. On notera au passage les absurdités et autres incohérences de la démarche.

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