Romain Roszak : « La consommation pornographique n’est innocente en aucun sens » - Dans une approche originale, le philosophe Romain Roszak dissèque le phénomène et il conclut sans appel : au nom d’une exigence éthique et politique, il faut que cesse cette production.
Dans son essai, Romain Roszak, professeur agrégé de philosophie, déploie une théorie selon laquelle l’idéologie de la jouissance est nécessaire aux transformations du système productif capitaliste (production de série, nouveaux marchés du plaisir). « Ce qu’on en dit témoigne non seulement de la manière dont on appréhende la vie, le plaisir et la morale, écrit-il, mais engage encore une certaine façon d’affirmer cette manière d’être au monde, pour soi comme en société. »
D’un point de vue politique, la pornographie participerait de la stratégie des élites politiques, qui favorisent « la dissolution des consciences de classe et de sexe » et entretiennent « le mythe d’un capitalisme heureux, harmonieusement branché à la jouissance singulière de chaque individu ».
Il poursuit : « Comme marchandise massive, signifiante et promotionnelle, la pornographie participe d’un façonnage anthropologique décisif, socialement dangereux, politiquement risqué. »
D’un point de vue psychologique, la consommation de la pornographie fonctionne pour les couches les moins favorisées comme un mécanisme de défense, par lequel elles peuvent se persuader qu’elles sont admises, elles aussi, au cénacle des jouisseurs.
Le philosophe trentenaire observe aussi la brutalisation des rapports humains induite par la « disparition progressive de tout le cérémonial, verbal et gestuel, qui accompagne traditionnellement la prise de conscience d’un désir (dont la réalisation, par hypothèse, dépend du bon vouloir d’un autre), son expression, et l’attente de sa concrétisation ».
Cette injonction illusoire de jouir sans entraves est érigée en norme. Or il montre qu’un utilisateur ne peut rester dupe de cette industrie : plus-value doublement extorquée, travail contraint des actrices. Comment dès lors s’accommoder de cette réalité triviale ?
Source : lavie.fr
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Les voix qui s’élèvent contre l’industrie pornographique sont de plus en plus nombreuses et nous nous en réjouissons. Les dégâts sociétaux, émotionnels et spirituels de la pornographie sont immenses et servent les desseins de déconstruction de l’humanité. Nous devons alerter, notamment les plus jeunes, et défendre les victimes.