Qu'est-ce que la GPA éthique ? - Face, notamment, à l'infertilité féminine, de plus en plus de femmes ont recours à la GPA, la gestation par autrui, et pourtant cette pratique reste illégale en France.
Dans cette émission, nous essayons de comprendre pourquoi la GPA est interdite en France, pourquoi elle est autorisée dans certains pays et comment ça se passe là-bas ? Quel statut pour l'enfant issu de la GPA ? Est-ce que la GPA, c'est exploiter le corps des femmes ? Est-ce que la GPA doit être ouverte à toutes et à tous ? Pourquoi la France a-t-elle un problème avec ce sujet ?
Avec Irène Théry, directrice d'études à l'EHESS, sociologue du droit, de la famille, du genre et de la parentalité. Elle est l'autrice notamment de Filiation, origine, parentalité, chez Odile Jacob et de Mariage et filiation pour tous. Une métamorphose inachevée, paru au Seuil en 2016.
En 1976, l'avocat américain Noel Keane fonde la toute première agence de gestation pour autrui. On utilise l'ovule d'une mère porteuse et le sperme d'un père biologique. En douze ans, cette agence va permettre la naissance de 302 enfants. Pendant longtemps, existait donc la maternité pour autrui, c'est-à-dire qu'on insémine la femme qui allait porter l'enfant pour un couple et donc, c'était son propre embryon qu'elle portait.
Mais avant de pouvoir pratiquer une gestation pour autrui, encore fallait-il réussir la fécondation in vitro. Et c'est à deux scientifiques anglais qu'on doit cette gigantesque avancée médicale. Le gynécologue Patrick Steptoe et le biologiste Robert Edwards ont mené plus de 600 opérations infructueuses durant dix ans avant de réussir à mener à bien leur travail. En novembre 1977, enfin, un embryon prend racine et neuf mois plus tard, le 25 juillet 1978, le premier bébé éprouvette voit le jour. Louise Brown naît dans une petite ville anglaise, Oldham. Steptoe et Edwards sont considérés comme les fondateurs de la fécondation in vitro. Et si aujourd'hui on peut pratiquer une GPA, c'est d'abord grâce à eux. En avril 1986, un bébé naît d'une GPA complète, c'est-à-dire que l'enfant a été conçu avec l'ovule de la mère biologique et le sperme du père.
Le grand changement, selon notre invitée, ça a été le moment où les gestatrices ne portent plus leurs propres embryons. Il s'agit d'accueillir l'enfant d'autres. Pour Irène Théry : "La plupart des problèmes d'attachement à l'enfant de la part de celles qui portaient sont venus dans le cas où elles portaient leurs propres embryons."
En France, en 1984, une certaine Patricia fait la une des médias. Elle a décidé d'être une femme porteuse et d'en parler à la télé. À l'époque, la GPA n'est pas explicitement interdite en France. Un flou dont profite le médecin Sacha Geller pour aider plusieurs couples qui ne peuvent pas avoir d'enfant. Mais en 1986, le Conseil de l'Ordre des médecins condamne la GPA. En 1987, le ministère de la Santé interdit les associations. En 1991, la justice interdit la pratique, et on en est encore là aujourd'hui.
Aujourd'hui, pourtant, 75 % de Français sont favorables d'après les derniers sondages, pour une GPA qui serait une GPA altruiste, donc sans rémunération, pour des couples hétérosexuels. 59 % des Français sont favorables à une GPA légale en France, altruiste aussi, pour des couples d'hommes.
Pour Irène Théry, il existe une GPA éthique : "Dans les États où on organise et où on encadre la gestation pour autrui, on s'assure que ce n'est pas la misère qui pousse les gestatrices à devenir gestatrices. Elles sont même exclues par les agences parce que justement, elles pourraient être attaquées parce que leur consentement ne serait pas libre. S'il y avait un scandale des pauvres femmes américaines, on l'aurait très bien vu. Ça n'existe pas."
Il y a des pays où la femme porteuse est rémunérée, et d'autres, où elle est défrayée. Pour Irène Théry : "Cet argent gagné ainsi n'est pas forcément ce qui salit tout parce qu'elles font un don tellement immense, tellement hors de prix que le contre don par de l'argent s'explique."
Source : radiofrance.fr
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Il n’y a pas de GPA éthique. Quels que soient les arguments - gratuité, femmes consentantes, FIV - exploiter le corps d’une femme pour assouvir son désir d’enfant ne peut pas être une démarche éthique. En droit français, et cela ne doit pas changer, le corps humain et ses produits sont indisponibles et ne peuvent pas faire l’objet d’un commerce.
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