Projet de loi de bioéthique : « On s’est moqué de nous et donc aussi des Français » [Interview]

Projet de loi de bioéthique : « On s’est moqué de nous et donc aussi des Français » [Interview]
Publié le
June 14, 2021

Projet de loi de bioéthique : « On s’est moqué de nous et donc aussi des Français » [Interview] - Le projet de loi de bioéthique vient d’être voté en troisième lecture par les députés (cf. Projet de loi bioéthique adopté en 3ème lecture à l’Assemblée nationale : « la belle affaire, c’est une supercherie »). Patrick Hetzel, député Les Républicains du Bas-Rhin, qui a porté la voix de l’opposition pendant les débats, répond aux questions de Gènéthique.

Gènéthique : Pour cette 3ème lecture du projet de loi bioéthique, il y avait peu de monde en commission comme dans l’hémicycle. Comment expliquez-vous l’absence de beaucoup ?

Patrick Hetzel : Il y avait effectivement peu de monde à la fois en commission et dans l’hémicycle (cf. Projet de loi bioéthique : le marathon continue avec de moins en moins de députés ; Projet de loi bioéthique : la commission campe sur sa version de 2ème lecture). Je pense que cela peut s’expliquer par plusieurs raisons. Tout d’abord, nous ne sommes pas encore sortis de la pandémie et, tout comme nos concitoyens, beaucoup de députés travaillent actuellement sur d’autres sujets qui sont prioritaires et bien plus urgents que ceux traités dans le projet de loi bioéthique : limiter le chômage, reprise de l’activité économique, etc. Ensuite, le calendrier retenu par la majorité pour ce débat est hallucinant dans la mesure où, programmer un débat concernant les questions de bioéthique alors que nous sommes dans la dernière ligne droite d’élections départementales et régionales, n’est pas très sain car beaucoup de collègues sont évidemment aussi engagés en circonscription par ces élections. De plus, la méthode retenue, celle du temps législatif programmé dans l’hémicycle qui limite extrêmement le temps de parole n’incite pas les collègues à être présents puisqu’ils savent à l’avance qu’ils ne pourront que peu ou pas du tout s’exprimer. Et enfin, au moment où nous débattions de la loi dans l’hémicycle, la majorité avait pris soin de programmer en même temps en commission la deuxième lecture du projet de loi « Respect des principes de la République » tout en sachant pertinemment que beaucoup de collègues, notamment du groupe Les Républicains, étaient impliqués sur les deux textes.

G : Comment avez-vous vécu cette 3ème lecture ?

PH : Soyons clair, je l’ai très mal vécue. Evidemment pas à l’aune de ma petite personne mais à l’aune de la manière dont cela s’est passé. En effet, tout cela fut un véritable simulacre de débat. Pour moi, un débat ne se mesure pas uniquement à l’aune d’un volume d’heures mais aussi et surtout à l’aune de la qualité d’écoute des parlementaires entre eux et du gouvernement. Là, on s’est moqué de nous et donc aussi des Français. En effet, systématiquement le gouvernement et sa majorité ont tout fait pour que la contribution du Sénat soit rejetée, inexistante, balayée par dogmatisme. Prenez le texte proposé en première lecture à l’Assemblée et regardez comment il sort aujourd’hui en troisième lecture de l’Assemblée et vous pourrez constater que le gouvernement a tout fait pour que rien ne change. Que l’on en reste au texte initial. Je suis très accusateur sur la question car lorsque l’on aborde des questions bioéthiques, on ne procède pas de la sorte. C’est assez monstrueux. Cela révèle pour moi le fait que cette majorité à l’Assemblée n’a rien compris de ce que devait être l’esprit même des lois de bioéthique. Ils portent la lourde responsabilité d’aller vers une loi qui ne crée plus le consensus nécessaire à son acceptabilité collective. Je suis triste pour mon pays car c’est une rupture majeure par rapport aux lois de bioéthique précédentes et une sorte de course folle vers le scientisme et la légalisation lente mais certaine de tout ce que permet la technologie. Où est le respect du vivant dans tout cela ? Où est la mise en application du principe de précaution ? On se le demande vraiment.

Source : genethique.org

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