Liberté d’expression ou atteinte à la dignité des « acteurs » ?
La pornographie porte profondément atteinte à la dignité des « acteurs » : elle les dépeint en train d’accomplir un acte sexuel, par nature très intime, avec des comportements violents, tant physiquement que mentalement. Le rapport sexuel n’est motivé que par la récompense financière, ce qui constitue une marchandisation du corps humain. Enfin, l’acte sexuel est enregistré et échangé à des fins de voyeurisme. Sa diffusion multiplie les dommages causés à la dignité de la personne.
Si certains acteurs le sont devenus volontairement, ce consentement individuel n’a pas pour effet de rendre la pornographie conforme à la dignité humaine ni n’en justifie la violation : le Protocole de Palerme (art. 3.b) stipule ainsi que le consentement à sa propre exploitation est sans valeur. En effet, un tel « consentement » est rarement un choix, mais plus souvent une nécessité, car il implique de l’argent. Ainsi, « pour être valable, le consentement, par nature personnel et subjectif, doit rester ordonné à la dignité, qui est objective, intrinsèque, inhérente à la personne humaine ». La pornographie constitue donc une atteinte aggravée à la dignité humaine.
Si les dérives de l’industrie pornographique sont certes constatées et parfois dénoncées, le débat tenant à la place de la protection de la dignité humaine face à la liberté d’expression (la pornographie a en effet gagné la bataille de l’image en se présentant comme un genre cinématographique) constitue un frein à la lutte pour y remédier. Au nom de cette liberté subjective, la dignité humaine objective et la protection des droits fondamentaux ne sont plus prioritaires et la pornographie n’est pas reconnue comme étant intrinsèquement mauvaise. Or, comme l’expliquait l’avocate Lorraine Questiaux, dans un entretien pour Médiapart en 2022, il ne faut pas « tomber dans cet argumentaire fallacieux de la liberté. Il n’y a pas de liberté quand il y a de la violence ». Ainsi, au sujet de cette pseudo-liberté artistique, « quand on la passe au crible du Code pénal, on s’aperçoit qu’en réalité on est purement et simplement sur une liste sans fin d’infractions criminelles […] et parce que c’est érotisé on n’aurait pas le droit d’y toucher ».
Dans les films pornographiques, la violence est omniprésente. Selon l’analyse des 50 vidéos pornographiques les plus populaires, 88% des scènes contiennent de la violence physique et 49% contiennent au moins une agression verbale. La plupart des contenus pornographiques dépeignent des traitements humiliants et des atteintes physiques contre l’un des « partenaires » sexuels, y compris des comportements criminels tels que le viol, l’inceste et des abus sur des enfants.
Source : www.eclj.org
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L'ECLJ nous propose de réfléchir à la pornographie comme atteinte à la dignité humaine. Autant dans le traitement des acteurs que sur les contenus violents et dégradants des scènes, la pornographie porte atteinte aux droits humains fondamentaux et peut être considérée comme une marchandisation du corps humain. Des institutions comme le Sénat et le Haut Conseil à l'égalité ont déjà pointé du doigt les nombreux crimes et délits de l'industrie pornographique, il faudrait maintenant en toute logique une législation pour l'interdire.