Journée mondiale de la trisomie 21 : l’avortement eugénique est-il un droit de l’homme ? - Grégor Puppinck, docteur en droit, directeur du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), revient sur les débats qui agitent les juristes autour de la question de l'avortement des fœtus atteints de Trisomie 21.
Ce 21 mars, en la Journée mondiale de la trisomie 21, un groupe d’anciens juges de la Cour européenne des droits de l’homme, de la Cour interaméricaine des droits de l’homme et d’experts des Nations Unies demande à la Cour européenne (CEDH), avec l’ECLJ, de reconnaître que l’avortement eugénique des enfants trisomiques peut être interdit, et même qu’il le devrait par respect pour les droits des personnes handicapées.
Cette démarche est sans précédent dans l’histoire de la Cour européenne. C’est la première fois que d’anciens juges agissent ainsi auprès de la Cour et que la question de l’avortement eugénique est posée de façon aussi directe. Il faut dire que cette question de l’eugénisme est au cœur du débat sur l’avortement aux États-Unis, aux Nations unies et maintenant en Europe.
C’est d’abord aux États-Unis que douze États fédérés ont interdit au personnel médical de pratiquer l’avortement lorsqu’il est demandé de façon discriminatoire, en raison d’un diagnostic de trisomie 21. Certains États interdisent aussi sa pratique en raison du sexe de l’enfant ou de sa « race ».
C’est ensuite le Comité des droits des personnes handicapées des Nations unies (CDPH) — composé majoritairement de personnes handicapées — qui a déclaré que « les lois qui autorisent explicitement l’avortement en raison d’un handicap violent la Convention des droits des personnes handicapées », notamment parce que ce type d’avortement « perpétue le préjugé selon lequel le handicap serait incompatible avec une vie heureuse ».
Depuis 2011, ce Comité a déjà jugé à propos de l’Espagne, de l’Autriche et de la Hongrie que le handicap du fœtus ne doit pas faire l’objet d’un régime spécifique d’avortement. Le Comité a ainsi recommandé au Royaume-Uni « de modifier sa loi sur l’avortement en conséquence », estimant que « les droits des femmes à l’autonomie reproductive et sexuelle doivent être respectés sans légaliser l’avortement sélectif sur la base de la déficience du fœtus ».
Source : valeursactuelles.com
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Gregor Puppinck de l’ECLJ pose encore une fois les bonnes questions ! Si l’on reconnaît l’avortement eugénique des enfants handicapés, on entre nécessairement dans un discours antithétique puisque l’on attribue au fœtus des caractéristiques humaines (état de santé) et que l’on prête des intentions discriminatoires à la mère. Ceci est évidemment contraire à la notion de droits de l’Homme et pourrait remettre en cause les certitudes des promoteurs du "droit à l'avortement".