« Malgré nos différences, pour nous tous le suicide assisté et l’euthanasie touchent à un interdit fondateur, celui de donner la mort, et les légaliser affaiblirait cet interdit. » Le ton est donné. Une tribune dans Le Figaro relaie la voix des responsables religieux en France dans le cadre du débat sur la fin de vie. Parmi les signataires figurent notamment Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la conférence des évêques de France, Haïm Korsia, grand rabbin de France et Chem-eddine Hafiz, recteur de la grande mosquée de Paris. Tous ont répondu à l’appel de Laëtitia Atlani-Duault, anthropologue, qui a été l’écho de ces responsables religieux dans son livre Religions et fin de vie, Les témoignages des grandes voix religieuses (éd. Fayard).
Une nouvelle législation sur la fin de vie pourrait bien voir le jour dans les prochains mois en France. Des citoyens avaient été invités à participer aux débats, entre décembre 2022 et avril 2023, dans le cadre de la convention citoyenne sur la fin de vie. De leur côté, « les religions ont certes été sollicitées, mais uniquement invitées à répondre par oui ou par non », soulignent les signataires de la tribune, dénonçant un manque de considération des acteurs de la vie politique à leur égard, sur un sujet qui leur est pourtant cher : « sur la fin de vie, elles [les religions, ndlr] ont développé des réflexions autour du sens reconnu à la vie, à la mort et aux gestes permettant d’accompagner les malades, les mourants, les morts et ceux qui restent ».
Bien que « chacun s’exprime selon sa personnalité », les signataires tenaient à partager dans cette tribune des convictions communes. Rappelant que « le suicide assisté et l’euthanasie touchent à un interdit fondateur », ils s’inquiètent « du risque d’abuser d’un état de faiblesse ou d’entraîner les plus faibles à choisir de mourir pour ne pas peser sur leur entourage et sur la société ». Au contraire, tous appellent à répondre à un « impératif de fraternité », en étant « attentif aux malades en fin de vie et en situation de souffrance extrême » et en se rendant « disponible pour écouter leurs demandes ». Enfin, ils se font les promoteurs d’un « développement réel des soins palliatifs », qui a été jusqu’ici largement plébiscité par les acteurs consultés, et d’un « enseignement de l’accompagnement de la douleur ».
Source : www.famillechretienne.fr