« Certains résidents rencontrent Jésus à 90 ans », le récit d’une jeune soignante en EHPAD - Face aux scandales de la maltraitance dans les EHPAD, Elisabeth de Courrèges, ergothérapeute en maison de retraite et auteur de Être là - Une lumière au coeur de la souffrance (Mame), nous livre son expérience et sa réflexion sur la vulnérabilité des personnes âgées.
On a l’impression de découvrir un problème alors qu'il est profondément lié à la considération générale que notre société a de la personne âgée. Si on voyait d’abord cette personne âgée comme un ainé, comme une personne pleine de ressources au-delà du plan fonctionnel, on arriverait à créer un modèle différent, en considérant les personnes âgées comme autre chose qu’une population à gérer. Elles sont avant tout une ressource pour les liens intergénérationnels. J’ai le sentiment, en tant que jeune soignante, d’avoir découvert le sens de ma vie auprès des personnes âgées, et je crois qu’on devrait rendre cette expérience accessible aux jeunes en général, en considérant les plus âgés d’entre nous comme un trésor de notre société.
Les EHPAD sont soumis à une exigence de rentabilité de temps et d’usage de moyens, avec une angoisse qui pèse sur les employés, angoisse liée à ce manque de temps et de matériel. Il est donc parfois difficile d’aller dans la qualité, dans les finitions... Un autre problème se pose dans ces établissements, celui de l’absentéisme. Régulièrement des soignants ne se rendent pas au travail, pour certains sans le justifier. Dans de tels cas, c'est-à-dire plusieurs fois par semaine, tous les employés se retrouvent à se partager le travail de la personne absente… qui ne peut pas être licenciée : la main d’œuvre est trop précieuse pour cela.
Ce n’est pas la faute des établissements, qui ont beaucoup de difficulté à trouver des aides-soignants qualifiés pour remplacer ceux dont l’engagement fait défaut ou qui sont fatigués. Ces employés absents souffrent souvent eux-mêmes d’une situation personnelle compliquée, parfois liés à des questions de régularisation de titre de séjours, d’intégration à la société, et tout cela est par renforcé un sentiment d’injustice dû aux écarts de salaires parfois énormes avec des collègues d'autres professions.
Source : genethique.org