"Black Friday GPA" : "Désormais, la grossesse pour autrui est soldée" - La clinique BioTexCom, en Ukraine, propose une promotion pour le recours à des mères porteuses, dans le cadre du Black Friday. Céline Revel-Dumas, journaliste et auteure de « GPA, le grand bluff » (Cerf), analyse ce pas supplémentaire vers la marchandisation de l'être humain.
Voici l’éclatante démonstration de ce qu’implique la mise sur le marché de l’Humain. Est apparue la semaine dernière sur le site Internet d’une clinique ukrainienne une promotion en or : celle d'un « Black Friday GPA ». Pour inciter les couples infertiles à concrétiser leur désir d’enfant, la clinique BioTexCom a lancé rien de moins qu’une offre promotionnelle sur les « packages » – comprenez « formules » de « gestation pour autrui ». L’offre ? Précisément ? Entre 1 200 et 1 500 euros de réduction pour un enfant né d’une « mère porteuse » ukrainienne. Qui assume cette réduction ? La clinique, la mère porteuse, la donneuse d’ovocyte ? Silence. Désormais, la grossesse par autrui est soldée. Que lire, que comprendre ? Si ce n’est le déplacement odieux et choquant d’une logique mercantile et cupide aux domaines de la procréation, du corps et de l'enfant lui-même.
Recourir au Black Friday n’a rien d’anodin. C’est même particulièrement révélateur. Il porte l’empreinte des stratégies commerciales directement issues de la tradition capitaliste américaine. Sous nos yeux, s’appliquent à l’être humain des techniques astucieuses qui incitent les individus à consommer toujours plus biens et services. En ressort un individu lui-même réifié. On pourrait être porté à croire que ces dérives sont nouvelles.
Et pourtant, les habitudes acquises outre-Atlantique ont aboli de longue date la frontière qui sépare production et reproduction. Dès la fin des années soixante, la logique capitaliste investit la sphère domestique et applique les règles du marché du travail à la reproduction. Les éléments du corps deviennent des ressources potentielles, échangeables et commercialisables. Le tout porté par une responsabilité individuelle portée aux nues par une tradition calviniste des pères fondateurs faisant de la réussite le signe d’une élection divine.
Source : marianne.net
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Quand une clinique propose des soldes pour le recours aux mères porteuses : voilà ce que donnent les lois du marché et du marketing appliquées à l’être humain… un monde qui ne fait pas rêver ! Comment peut-on proposer des promotions sur la location du corps des femmes ? Sur des enfants ? Qu’en est-il de ces « parents » qui profitent des soldes sans scrupule ? Et l’enfant soldé est-il un enfant de second rang ? Un article tristement éclairant.