40 ans du 1er bébé éprouvette : entre “puissance prométhéenne des chercheurs”, “ambitions mercantiles des industriels” et “exigences de certaines minorités” - Amandine, le premier « bébé-éprouvette », est née il y a 40 ans. Et « force est de constater que ce qui n’était qu’un bricolage de laboratoire a vite ouvert des champs infinis aux nouveaux biologistes dits “moléculaires” et que la société s’est démontrée incapable de contenir la puissance prométhéenne des chercheurs autant que les ambitions mercantiles des industriels ou les exigences de certaines minorités ». Dans une tribune pour le journal L’Humanité, le biologiste Jacques Testart, l’un des « pères scientifiques » d’Amandine, analyse l’évolution de la bioéthique au cours des dernières décennies.
« Amandine avait douze ans quand les conditions de sa conception furent définies dans la première loi de bioéthique, laquelle ambitionnait alors de traduire une morale de l’intervention sur le vivant humain », rappelle le scientifique. Une loi « révisée tous les 5-7 ans mais à chaque fois dans le sens de l’élargissement de ce qui était déjà permis, aux noms confondus du progrès des connaissances, de l’efficacité médicale, de l’évolution de la société ou encore de la compétition internationale, toutes préoccupations dont la morale devrait se méfier ».
« Des connaissances nouvelles et des demandes inédites sont venues ces dernières années, bouleverser la pratique de l’Assistance médicale à la procréation (AMP), souligne Jacques Testart. Et, s’il n’était pas imprévisible que la FIV engendre un sur trente des bébés nés 40 années après Amandine, qui aurait pu imaginer que, en 2022, des femmes n’ayant aucun problème de fertilité auraient recours à l’AMP remboursée par la sécurité sociale au motif de l’absence d’un partenaire masculin ou encore que les cellules souches prélevées chez des embryons issus de FIV généreraient d’énormes bénéfices industriels et d’extraordinaires possibilités de renouveler ou modifier le vivant ? »
La dernière loi de bioéthique votée en 2021 « encourage les chercheurs à introduire des cellules humaines dans un embryon animal pour constituer des chimères destinées à pourvoir au manque d’organes à transplanter, à modifier le génome d’embryons humains pour corriger des “anomalies” ou encore à fabriquer en laboratoire des gamètes (ovules et spermatozoïdes) en grand nombre pour améliorer les chances de procréation de certaines personnes », rappelle le biologiste.
Source : genethique.org
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Jacques Testart, l’inventeur de la procréation médicalement assistée, revient sur les 40 ans de cette technique et ses évolutions. Depuis de nombreuses années déjà, il dénonce le dévoiement des avancées médicales à des fins purement égoïstes ou marchandes. Quand la morale disparaît des questionnements bioéthiques, c’est l’humanité qui est en danger.
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