Biotechnologies

Pourquoi nous serons (presque) tous transhumanistes

Pourquoi nous serons (presque) tous transhumanistes 20 novembre 2020
Tous transhumanistes

Pourquoi nous serons (presque) tous transhumanistes – Notre société devient chaque jour davantage transhumaniste. Et on peut s’en réjouir. Le transhumanisme répond à notre désir de liberté, tout autant que de liens. Son imaginaire pense que l’avenir de l’humain réside dans le mélange et le souci d’élargir notre perspective au monde qui nous entoure.

Une opinion de Stanislas Deprez, chercheur associé au centre Ethics (ULille), chargé de cours invité (UCLouvain) et auteur.

Il y a près de vingt ans, les États-Unis ont mis en place une feuille de r+oute des nouvelles technologies (nano, bio, info). L’Union européenne a lancé en 2013 le programme de simulation de cerveau Human Brain Project. La Chine généralise la reconnaissance faciale et le « crédit social » (notation du comportement des citoyens) de tous ses habitants. Nous nous interfaçons chaque jour davantage à des dispositifs informatiques : smartphone, tablette, ordinateur, télévision, montre intelligente…

L’enseignement à distance, promu en ces temps de coronavirus, n’est qu’un symptôme parmi d’autres de ce bouleversement civilisationnel comparable à l’invention de l’imprimerie, voire à celui de l’écriture, car il modifie nos capacités de perception, d’attention, de réflexion et de relation. Mais ce n’est pas pour cela que nous serons tous transhumanistes.

Une question d’imaginaire

Nous serons transhumanistes parce que le transhumanisme devient l’imaginaire de notre époque technique et individualiste. Loin d’être du rêve ou de l’illusion, l’imaginaire est un système de représentations et d’émotions qui nous permet de penser et de vivre notre rapport à nous-mêmes, aux autres et au monde. Chaque époque a son imaginaire, qui détermine le social, le culturel, l’économique, autant qu’il est conditionné par eux. Longtemps, notre imaginaire fut celui de la chrétienté, avec l’idée d’un salut éternel à gagner sur cette Terre par une vie vertueuse, soumise aux aléas de la volonté divine.

Sortis de cet imaginaire-là, nous entrons dans un autre, issu de la science-fiction (colonisation de l’Univers, conquête de l’immortalité, destruction de l’humanité par une intelligence artificielle, etc.) et des avancées des sciences (ordinateur quantique, manipulations génétiques, nanorobots, etc.).

Ce qui se passe avec le Covid-19 est une illustration de cet imaginaire naissant. À première vue, le coronavirus met à nu notre fragilité collective. Nous nous redécouvrons bien impuissants face à la mort, la maladie, l’isolement, la faillite, le chômage… Ce n’est pas la première fois que l’humanité vit un tel drame et certaines pandémies furent beaucoup plus meurtrières, comme la grande peste du XIVe siècle. La différence est que les médiévaux mettaient leur espérance en Dieu, alors qu’aujourd’hui nous plaçons notre espoir en la science et la technique. Remarquons que même les complotistes partagent cet imaginaire techno-scientiste, puisqu’ils sont persuadés que le virus n’a pu être produit qu’en laboratoire, et pas par la nature.

Source : lalibre.be

Découvrir la suite de l’article sur le site d’origine

Commentaire du CPDH

Une analyse vraiment intéressante de la diffusion des thèses transhumanistes dans toute la société : c’est la soif de liberté individuelle poussée à l’extrême couplée à la foi en la science, qui fait des hommes et des femmes du 21e siècle de bons petits soldats du transhumanisme. Cela a de quoi nous faire réfléchir sur notre positionnement en tant que chrétien face à la marchandisation de tous les aspects de la vie.