Le 3 mars 2020, le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) publiait son avis n°133 sur les « Enjeux éthiques des modifications ciblées du génome : entre espoir et vigilance ». Cet avis, adopté le 19 septembre 2019, « à l’unanimité des membres présents » est motivé par les « progrès technologiques de l’ingénierie génomique », fruit d’une « double révolution technologique » : « le séquençage à haut débit » et des outils tels que CRISPR-Cas9 qui « permettent de modifier de façon ciblée et précise les séquences du génome ». Une véritable « chirurgie du génome », même si les chercheurs savent bien aujourd’hui que CRISPR peut rater sa cible et provoquer des effets dits off target, absolument non maîtrisés (cf. CRISPR : des mutations « off-targets » nombreuses et inattendues chez l’homme). Pour le CCNE, l’organisation de réflexions sur le sujet est « essentielle ». Et ce, « sans attendre que l’avancée des sciences permette d’éventuellement apporter ″un soin génétique individuel″ ».
Le CCNE rappelle en effet que la modification du génome est une technique qui existe déjà pour, quand elle porte sur des plantes ou des champignons, « générer des variétés plus résistantes à la maladie, voire à des modifications climatiques ». Dans le champ animal, l’objectif est d’« augmenter les potentialités commerciales de certaines espèces, en agissant par exemple sur leur masse musculaire ». En allant parfois très loin : un récent article du Courrier International, qui n’est pas mentionné dans l’avis, indiquait que « les similitudes génétiques » entre les neuf millions de vaches laitières américaines « sont telles que la taille de la population est en réalité inférieure à 50 individus ». Un autre objectif, selon l’avis, peut être de « limiter la transmission de certains pathogènes », c’est celui des modifications effectuées sur le génome de moustiques vecteurs du parasite responsable du paludisme. Des modifications qui peuvent être transmises « très rapidement, en quelques générations, à toute la descendance » et qui ne sont pas sans poser problème (cf. Moustiques génétiquement modifiés : entre Dr Jekyll et Mr Hyde ; Premier lâché de moustique génétiquement modifié au Burkina Faso).
Source : genethique.org
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Commentaire du CPDH
Le CCNE a pris position pour une approche restrictive des modifications ciblées du génome. Cependant, nous pensons que cela n’est pas assez et qu’il faut aller vers une interdiction pure et simple de ces pratiques. Nous le voyons avec le projet de loi bioéthique, les lignes rouges sont aujourd’hui mouvantes et soumises aux lois de la science et des désirs individuels. Il faut du courage politique pour garantir la dignité des plus faibles.