« La loi naturelle, c’est la loi de la raison »

« La loi naturelle, c’est la loi de la raison »
Publié le
February 21, 2022

« La loi naturelle, c’est la loi de la raison » - Le philosophe Rémi Brague publie "Après l’humanisme. L’image chrétienne de l’homme" (Salvator). Il explique à Aleteia pourquoi la notion de loi naturelle est difficilement admise aujourd’hui, bien que sans elle, la dignité de l’homme soit difficile à justifier.

Si les lois que l’homme établit ne sont pas fondées sur le « point d’appui » d’une loi universelle, il s’expose à justifier toutes les folies de l’homme contre l’homme. À de nombreuses reprises dans son œuvre, Rémi Brague est revenu sur l’échec de la modernité qui prétend se passer d’une référence à « quelque chose de surhumain », comme la loi divine ou la nature. C’est notamment l’objet de son livre Après l’humanisme, où il évoque la nécessité d’une image de l’homme qui le sauve de lui-même. Invité récemment par l’Institut thomiste de Paris, il a montré les liens entre loi divine et loi humaine et pourquoi, sans la loi naturelle, l’homme ne peut guère posséder des « droits ».

Aleteia : Vous publiez Après l’humanisme. L’image chrétienne de l’homme (Salvator). Selon vous, la tentation de définir l’homme à partir de lui-même conduit à rendre une partie des hommes indignes de vivre. Seule une image de l’homme qui le sauve, une loi universelle qui le surplombe empêche ce « clivage idolâtre ». Faut-il une loi pour fonder la conception que l’on se fait de l’homme ?


Rémi Brague : Une loi doit permettre de maîtriser en l’homme ce qui n’est pas humain ou ce qui est moins humain pour, au contraire, lui permettre de libérer ce qu’il a de proprement humain. Tout dépend donc de la représentation qu’on se fait de ce qui est humain.

Ce que les Grecs ont à nous apprendre […] c’est l’idée même de « nature », sans laquelle celle de « loi naturelle » n’aurait pas de sens.

Trouve-t-on une définition de l’humain dans la loi naturelle, au sens où les Grecs parlaient de loi divine ?

Ce que les Grecs ont à nous apprendre, et en fait ce qu’ils nous ont déjà appris depuis deux millénaires et demi, c’est l’idée même de « nature », sans laquelle celle de « loi naturelle » n’aurait pas de sens. Selon cette idée, il y a des choses qui poussent toutes seules, sans intervention humaine ; elles ont des propriétés stables et qui ne dépendent pas d’autres, à la différence des conventions humaines.

Cela vaut aussi pour les réalités qui évoluent : elles le font selon des lois stables. Cette idée a rendu possible rien de moindre que la philosophie et, dans son sillage, la science. Chez les Grecs, loi naturelle et loi divine ne se distinguent pas radicalement. Pour eux, la nature n’est pas créée par un ou des dieux, mais elle est en soi divine. Et elle comporte en elle-même une raison, un sens, des rapports, tout ce que le grec dit par le mot logos. Les humains essaient de saisir cette loi en écoutant leur conscience. Les lois humaines cherchent en tâtonnant à se régler sur elle. L’ennui étant que nous avons du mal à ne pas prendre pour des exigences de la conscience les caprices de nos désirs déréglés ou les prétendues « demandes sociales ».

Source : fr.aleteia.org

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Commentaire du CPDH

Un article intéressant sur la notion de droits de l’Homme. En reniant la transcendance de l’être humain, on nie en même temps les droits et le principe de dignité humaine car l’Homme ne peut trouver en lui-même la justification de son caractère digne de respect et de soin.

C’est d’ailleurs ce mouvement d’inégale dignité des personnes que nous constatons dans les idéologies progressistes et woke. Elles font fi des droits et libertés individuelles pour la réalisation de leur projet politique comme si la fin justifiait les moyens.

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