Fin de vie Points de vue

Convention citoyenne sur la fin de vie : une conviction, des questions et bien des contradictions

Convention citoyenne sur la fin de vie : une conviction, des questions et bien des contradictions 6 avril 2023
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Convention citoyenne sur la fin de vie : une conviction, des questions et bien des contradictions – A la lecture de la synthèse du rapport final de la commission citoyenne de la fin de vie, le CPDH est frappé par le titre conclusif : « Pour une ouverture de l’aide active à mourir sous conditions », alors que quelques lignes plus loin le rapport déclare que « les citoyens ont une conviction : améliorer l’accompagnement de fin de vie ». Pour le CPDH, il est totalement contradictoire de demander la légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie, même « sous conditions » et d’afficher avec une belle unanimité une conviction de soin et d’accompagnement pour nos semblables en fin de vie.

Puisque la demande, unanimement partagée, est celle d’un développement des soins à domicile, du renforcement de « l’accès aux soins palliatifs, pour toutes et tous, partout », en « garantissant les budgets nécessaires », c’est donc cela qu’il fallait retenir prioritairement plutôt que mettre en exergue une proposition « d’aide active à mourir » (ce qui est encore à ce jour qualifié de meurtre). D’autant que cette « demande d’ouverture » ne fait pas consensus dans les rangs de la convention citoyenne. D’autant que l’actuelle loi concernant la fin de vie est méconnue et trop peu mise en œuvre. Il faut donc commencer par là au lieu de vouloir modifier ce qu’on n’a pas fini d’appliquer.

La justification apportée par les rédacteurs nous présente l’aide active à mourir comme la « modalité la plus adaptée pour respecter la liberté de choix des citoyens ». Si la liberté est revendiquée comme l’absence d’entrave à toute volonté individuelle, à quoi sert la loi ? Comment pourra-t-on justifier d’un « refus d’euthanasie » ? Si notre liberté tient notre prochain à distance, où seront l’entraide et la solidarité ?

Faire le choix du soin et du soulagement c’est faire le choix de la fraternité, cette fraternité qui éloigne précisément de chacun d’entre nous le désir de mourir. C’est pourquoi les 43 membres de la convention citoyenne qui n’ont pas accepté de voter « l’ouverture de l’aide active à mourir » ont eu raison de souligner « les risques de dérives que l’ouverture de l’aide active à mourir pourrait faire peser sur les personnes vulnérables (les personnes dépendantes, en situation de handicap ou celles qui présentent une altération du discernement…) ainsi que les risques de déstabilisation de notre système de santé, face aux réticences fortes d’une partie des professionnels de santé ». Le respect de la clause de conscience de ces derniers est toujours demandé, mais c’est un moindre mal.

Le CPDH dénonce une instrumentalisation des travaux de la convention citoyenne à des fins qui étaient connues d’avance : dépénaliser l’assistance au suicide et l’euthanasie. Les constats de carence de notre système hospitalier et de notre organisation sociale devraient pousser les autorités publiques à encourager, soutenir et médiatiser les bonnes pratiques et non pas à retirer des vies.