La fabrication du consentement repose sur la connivence du pouvoir et des médias. Pour Chomsky et Herman, cette relation privilégiée est tout d’abord entretenue par la prédominance des sources officielles. En effet, les médias protègent leur image d’objectivité en tirant leur information de sources qui peuvent être présentées comme au-dessus de tout soupçon. Ce choix a aussi un fondement économique : préférer des sources présélectionnées réduit les coûts d’enquête, alors qu’un travail journalistique minutieux est beaucoup plus long et plus onéreux. Concentrant leur enquête sur les États-Unis, Chomsky et Herman soulignent que la Maison-Blanche, le Pentagone et le département d’État à Washington sont les épicentres de la production de l’information labellisée. Les grandes entreprises sont également des producteurs réguliers d’informations jugées crédibles, c’est-à -dire dignes d’être publiées. « En matière de relations publiques et de propagande, écrivent les auteurs, seul le monde des affaires dispose des moyens de rivaliser avec le Pentagone et les autres services gouvernementaux » (La fabrication du consentement). Les sources les plus puissantes contrôlent également les médias en les subventionnant directement ou indirectement. Ainsi, l’État américain (notamment les départements de l’armée) les fait bénéficier de ses largesses financières, ce qui lui garantit un accès privilégié et même un droit de regard sur la production de l’information.